2014 - Fors l'honneur de Dieu
Fors l’honneur de Dieu :
C'est au cœur du Haut Moyen-âge que Thomas Becket naît à Londres en 1117. Archidiacre en 1154, ami du roi Henri II Plantagenêt, il devient chancelier du royaume puis archevêque de Cantorbéry en
Contrairement au calcul du roi, Becket rompt avec ses liens politiques et sa vie de cour, et engage la bataille pour empêcher le roi de prendre le contrôle de la justice ecclésiastique, par les constitutions de Clarendon. En 1164, le roi confisque ses biens et Thomas Becket s'exile en France. Le roi, excommunié par le pape Alexandre III, rappelle Becket à Cantorbéry en 1170 ; mais l'affrontement reprend aussitôt ; le soir du
Pourquoi tant de fermeté chez Thomas Becket ? Pourquoi ne pas céder au pouvoir ? Jésus nous enseigne dans l’évangile de saint Mathieu (22, 20-21) : « Rendez donc à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». Nous déduisons souvent de cette maxime, que Jésus instaure ici une juste distinction entre le temporel et le spirituel. C’est vrai ! Dans l’antiquité, cette distinction n’existe pas. A Rome, l’empereur est divinisé et il est le gardien et le garant de l’ordre religieux. Refuser de rendre un culte aux dieux païens, c’est s’en prendre à César et risquer le martyre. On se souvient de saint Genest. Le « césarisme », cette tentation du politique de s’immiscer dans les affaires du religieux pour le contrôler, existera toujours.
Cependant, il y a, dans cette distinction, une invitation à respecter le pouvoir établi. St Paul l’a bien compris, lorsqu’il écrit aux Romains : « Que chacun se soumette aux autorités en charge. Car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu. Si bien que celui qui résiste à l'autorité se rebelle contre l'ordre établi par Dieu… Rendez à chacun ce qui lui est dû : à qui l'impôt, l'impôt ; à qui les taxes, les taxes ; à qui la crainte, la crainte ; à qui l'honneur, l'honneur » (Ro. 13, 1). Le Catéchisme de l’Eglise Catholique dit : « Ceux qui sont soumis à l’autorité regarderont leurs supérieurs comme représentants de Dieu qui les a institués ministres de ses dons » (n° 2238). L’Eglise n’admet la résistance légitime à l’oppression politique que dans des circonstances extrêmes. L’obéissance à César relève donc de la vertu morale de justice et de la vertu théologale de charité.
La demande de rendre à César et à Dieu ce qui leur revient ne constitue pas un précepte parallèle, comme si on pouvait situer Dieu et César, le spirituel et le temporel, au même niveau. Si toute autorité humaine vient de Dieu, cela signifie qu’il y a une subordination de l’une à l’autre. « Tu n’aurais aucun pouvoir si tu ne l’avais reçu d’en haut » dit Jésus à Pilate. Dieu délègue aux hommes son pouvoir, pour qu’ils servent sa volonté divine sur le monde : « Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, dit Dieu au roi païen Cyrus, pour que l’on sache, de l’orient à l’occident, qu’il n’y a rien en dehors de moi » (Is 45,6). Jésus nous enseigne donc ici la supériorité infinie du Royaume de Dieu sur n’importe quel autre royaume de la terre, ainsi que la nécessité pour le pouvoir politique de travailler au bien spirituel des personnes, en vue de leur participation à leur vocation éternelle. (Extrait de l’homélie du 20/10/2014 par le père Henry, curé de saint Similien)
Saint Thomas Becket illustre cet enseignement ; au moment de son assassinat, il déclare : « Je suis prêt à mourir pour mon Seigneur. Que mon sang sauve la liberté de l'Eglise et la paix ; mais au nom de Dieu, ne touchez à aucun des miens, clercs et laïcs. Laissez-les partir. »
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